La diaspora haïtienne, communauté souvent négligée par les politiques en Haïti, a encore beaucoup a offrir, dans la mesure où l’État haïtien facilite leur intégration dans la vie politique du pays.
L’apport de la diaspora aux yeux des dirigeants ne doit pas être vu seulement sous l’angle économique et sociale. Autant que celle-ci consente à apporter sa pierre dans la construction du pays, autant il est aussi du devoir de l’État de retourner l’ascenseur en leur facilitant l’exercice de leurs droits politiques.
En effet, à un moment où toute l’attention est portée autour du débat pour ou contre une nouvelle Constitution pour Haïti. Et où les leaders de Partis politiques pro ou contre le pouvoir multiplient les déclarations sur les prochaines élections. Et que parallèlement, l’insécurité, les problèmes économiques et sociaux continuent de persister au détriment des citoyens. Il est notoire pour l’État dans sa quête de solutions aux différents maux du pays de penser aussi à l’intégration de la diaspora dans la vie politique haïtienne.
Dans cet environnement politique pollué, les solutions à la crise multiforme dont fait face le pays sont aussi difficiles à envisager. Tant les embûches dressées sont dangereuses. Mais même dans cette galère, il y a toujours une solution à portée de main. Malgré en effet le désaccord créé autour du projet de nouvelle constitution porté par le Président Moïse, il demeure néanmoins nécessaire pour le pays, de procéder à certaines modifications dans sa loi-mère, notamment aux articles touchants la question de double nationalité des citoyens , non reconnue par la constitution haïtienne.
Haïti a un retard à rattraper
Dans plusieurs pays de la planète, la notion du double nationalité est acceptée pour faciliter l’apport de la diaspora dans leur économie. Cela est d’autant plus vrai que la diaspora en elle-même constitue une force économique non négligeable pour ces pays d’Afrique et d’Amérique latine en particulier. Aux États-Unis, des haïtiens d’origine ont la possibilité de se présenter au congrès américain. En France, ils peuvent être élus Maires, etc… Dans ces démocraties, le législateur a trouvé bon d’impliquer d’autres communautés dans la vie politique de leur nation. Quoique les postes à pourvoir sont limitées selon des règles préétablies.
Pourtant en Haïti, malgré certaine volonté affichée, le changement se fait encore attendre. Si l’ancien Président Michel Martelly ( 2010-2015), a fait de cette cause sa priorité, sa rhétorique par contre n’a pas aidé a changé les perceptions. Pire, aucun suivi réel n’a été donné de sa part aux revendications de la diaspora. Les tentatives visant à rassurer la communauté de la diaspora ont tous échoué piteusement. Seulement la contribution d’1,50 dollar de la diaspora au fonds de l’éducation est effective depuis sa campagne auprès de celle-ci autour de son intégration.

La nouvelle constitution doit prendre en compte les revendications de la diaspora
Avec la nouvelle Constitution en vue, plusieurs organisations de la diaspora espèrent un changement de situation. Le 30 octobre dernier, un comité consultatif indépendant pour l’élaboration du projet de la nouvelle constitution a été mis en place par arrêté présidentiel. Mais depuis sa composition est dénoncée par des organisations de la diaspora qui n’a pas de représentant dans ledit comité. D’ailleurs à ce propos, ont-elles au moins été consultées comme jadis à la formation du nouveau CEP ? N’ont-elles pas aussi leur mot à dire ? Si le Comité consultatif indépendant a entre autres mandat de: prendre en compte l’évolution du contexte institutionnel, politique, économique, social et culturel du pays, ne sont-t-elles pas en droit d’avoir au sein de cette structure un défenseur de leur cause?

Si le Président haïtien Jovenel Moïse dans ses récentes prises de paroles juge injuste la mise de côté de la diaspora dans la constitution du pays, il va falloir passer de la parole aux actes. Pourvu cette fois-ci que les cris de cette communauté longtemps délaissée par l’État haïtien puissent être entendues.
Le Journal Voa Diaspora se tient debout à côté de cette communauté et se fait défenseur de ses intérêts auprès de l’État haïtien, ce, pour réclamer toujours son intégration nette et pure dans la vie politique haïtienne.
Ralph Thierry Cadet