Lundi 26 avril 2021, le pays s’est réveillé avec trois nouvelles déchirantes. Les medias traditionnels ainsi que les réseaux sociaux sont bondés de réactions, stupéfactions et dénonciations.
Le cadavre de l’étudiante en sciences infirmières de l’Université Notre Dame d’Haïti, kidnappée le week-end précédent a été retrouvée sur une pile d’immondices à Tabarre. Sombre est la vie, l’espoir se dissipe à petit feu, le pays meurt lentement, la vie de la personne humaine est vandalisée, le travail de toute une famille parti en fumée, une terreur pour des milliers de jeunes ayant opté pour l’éducation au détriment de la gangsterisation.

Une professeure à la faculté de Médecine et de Pharmacie de l’Université d’Etat d’Haïti, Marie Josette Malvoisin a été kidnappée samedi alors qu’elle revenait de dispenser son cours à ladite faculté. Le personnel enseignant avec un nombre assez maigre se voit indésirable dans son pays qu’il a pourtant choisi de servir.
La route nationale #2 est bloquée au niveau de Petit-Goâve dans le cadre des mouvements de protestations pour exiger la libération d’un CASEC de la zone, enlevé à Port-au-Prince le même week-end. Un schéma qui se renouvelle en tentant de s’imposer dans notre quotidien dans les registres des phénomènes normaux.
Le kidnapping n’a jamais atteint un tel niveau depuis l’apparition de ce phénomène, les bandits se sentant hors de tout danger ou de toute répression profitent de la voie laissée libre par nos incompétence et insouciance; on est kidnappé partout, à toute heure et quel que soit son statut économique et social.

Avec des traces de viol et de torture, le corps sans vie de la jeune infirmière qui n’était devenu que faire ses stages à un hôpital Universitaire de la capitale, est le symbole de la putréfaction d’une société ayant choisi des cancres qui ne jurent que par la corruption et l’incompétence pour placer aux plus hauts niveaux de l’état.
Si les cas de kidnapping ont connu une hausse incontrôlable durant ces sept derniers mois, aucun kidnappeur n’a été jusqu’ici arrêté par les forces de l’ordre alors que les voyous interviennent sur les stations radios et sont d’ailleurs localisés.
Il a fallu aux bandits que quelques heures après la libération de quelques des religieux enlevés pour nous arracher de notre illusion, le kidnapping est encore là, on y tous exposés, comme l’état expose ses insuffisances combien significatives.

Alors que des notes de protestations fusent de partout pour dénoncer et déplorer les enlèvements et assassinats, des étudiants de la Faculté de Médecine et de Pharmacie ont foulé le macadam pour exiger la libération sans condition de leur professeure, simultanément au mouvement des habitants de Petit-Goâve qui a l’aide de matériaux de construction ont élevé une véritable barricade bloquant ainsi l’accès à toute la bande Sud du pays.
Une situation qui ne semble alerter aucune des autorités étatiques, sans doute trop occupés à profaner la constitution par un projet de referendum critiqué par tous les secteurs de la vie nationale.
Alors que nous dénonçons le kidnapping, organisons des marches contre le kidnapping tout en payant les rançons, au moins deux cas d’enlèvements ou d’assassinats sont signalés par jour, l’insécurité et le kidnapping se conjuguent au quotidien.