Ils pointent les fêtes de fin d’années pour relancer leurs activités mises à l’arrêt depuis quelques temps à cause de la multiplication des cas d’enlèvements dans le pays.
Des opérateurs culturels se disent interpellés par l’insécurité en Haïti. Toutefois, ils pensent qu’il n’est pas tout à fait normal de demander à des artistes qui vivent de la musique de plier bagage

Le secteur culturel ne peut pas tout bonnement baisser rideau à chaque débordement de situation.
C’est en tout cas ce qu’a affirmé dans la foulée Coralie Sylvain, promoteur culturel. Selon elle, la communauté artistique vit d’activités culturelles. Même quand l’insécurité ne permette pas au secteur de fonctionner normalement, on ne peut pas non plus demander à des artistes pour contester le phénomène de l’insécurité de faire des sacrifices au-delà de leurs limites, laisse entendre l’animatrice de l’émission Views. “Le secteur culturel ne peut pas tout bonnement baisser rideau à chaque débordement de situation” a-t-elle indiqué.
Elle rappelle en outre que cette stratégie dans le passé n’a jamais fonctionnée, prenant en exemple les différentes épisodes de peyi lòk et les mouvements organisés dans le passé par quelques chanteurs haïtiens.
Les autorités politiques doivent assumer leurs responsabilités
Valerio St-Louis qui anime l’émission télé image, une chaîne de la diaspora pense de préférence que les artistes devraient s’impliquer davantage pour aider à résoudre le problème d’insécurité dans le pays. Il pense que c’est de leurs responsabilités sans pour autant nier que les artistes vivent de programmes culturels. Il invite par ailleurs les autorités politiques et la diaspora à prendre aussi leurs responsabilités face aux multiples cas de kidnappings enregistrés dans le pays.
L’artiste King Kino de son côté voit la politique comme responsable du banditisme constaté dans le pays. Comme le présentateur Valerio St-Louis, le chanteur pense que les promoteurs ont leur mot à dire leur par rapport à la situation.

Le chanteur qui se fait aussi ses propres convictions de la chose politique a aussi profité dans l’entrevue pour plaidé pour une valorisation des artistes à travers les dispositions de lois dans le projet de changement de constitution initié par le Chef de l’État haïtien Jovenel Moïse. “Plutôt intégrer le processus pour défendre nos droits, au lieu de rester à l’écart”, a-t-il suggéré.
L’artiste bien aimé dénonce l’État haïtien, la communauté internationale et les politiques dans ce regain de violence en Haïti tout en appelant la population, les artistes à se ressaisir en vue de changer les choses.
Même son de cloche du côté de Robert Févry, analyste culturel qui parle de division au niveau des musiciens, organisateurs d’évènements, etc. Cette situation selon lui n’aide pas à renforcer le secteur. Il a profité pour mettre en garde la nouvelle génération de musiciens haïtiens contre l’acculturation tout en critiquant quelques oeuvres qu’ils juges pas à la hauteur des attentes des mélomanes en raison de manque de profondeurs dans les textes.
Tous les haïtiens devront se sentir concernés par l’insécurité
Pipo St-Louis qui tient une boîte : Kay à Pipo, croit que la réponse au phénomène de l’insécurité passe par une réaction collective. Tout le monde selon Pipo devra se sentir concerné par l’insécurité en Haïti pas seulement un ou quelques groupe(s) qui sont visés ou victimes du phénomène.
Victime collatérale du phénomène de l’insécurité, Kay à Pipo, son club, organisait des spectacles et soirées dansantes jusqu’à ce qu’il se trouve dans l’obligation de diminuer ses activités à cause de la remontée de l’insécurité dans le pays.

Berthony Havana est aussi un acteur important au niveau du secteur. Sa plateforme, depuis 13 ans, aide des générations d’artistes à se lancer sur scène. Berthony est aussi très impliqué dans la promotion de la culture haïtienne. Ces dernières années, il a honoré Azor, Ansyto Mercier, Choupit, Dadou Pasquet, Valcourt, pour ne citer que ces artistes.
Pour revenir sur l’insécurité, ils espèrent avec la fin du mois profiter des fêtes pour au moins glaner quelques contrats afin de réduire les marges de déficits générés par des mois d’inactivités.
Car des affiches il y en a se réjouit Coralie qui parie également sur la diaspora qui va se rendre en Haïti pour les fêtes. Elle pense aussi que les évènements sont aux rendez-vous pour ce mois de décembre. Elle compare en effet ce mois de décembre à celui de l’année 2009 en termes d’organisations d’activités.
Tous en effet rêvent d’une nouvelle société où les gens étiquetés bandits vivants dans les quartiers populaires du pays ne seront plus une menace pour le reste de la population, et où la liberté de circulation à tout son sens.